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Par Jean-Jacques le 3 Juillet 2020 à 11:44
Tous les matins, il ouvre son ordinateur pour lire les messages qu'il a reçus pendant la nuit, et consulter les deux ou trois sites Internet qui l'intéressent tout particulièrement. Et tous les matins se produit la même montée d'adrénaline, les mêmes bouffées de colère dirigées contre l'instrument qui n'obéit pas au doigt et à l'oeil à ce qu'il a en tête.
- Qu'est-ce qu'il est lent ce matin...(Non, en fait c'est lui qui est toujours pressé)
- Voilà qu'il me fait des mises à jour ! Je n'ai rien demandé, ça va encore prendre des plombes. Et à quoi ça sert les mises à jour ? Après on ne voit rien, c'est comme avant. C'est encore des trucs pour nous faire perdre du temps. (à vrai dire, il ne connaît rien au fonctionnement des ordinateurs, il a acheté un appareil qui doit lui rendre les services qu'il veut et ne rien perturber par ailleurs)
- Bon sang de bon sang de bon sang !! Hier c'était Gmail qui me demandait mon mot de passe alors que je l'ai enregistré, aujourd'hui c'est le site de la Fédération de bridge qui me dit que mon identifiant n'est pas le bon !......Je ré-essaye. Ah oui, j'ai dû oublier le truc là, l'arobase @. Putain de machine ! (Bien sûr, c'est toujours la faute à quelqu'un ou quelque chose d'autre, jamais à soi-même...)
- Mais qu'est-ce qu'ils ont encore inventé ! Accepter les « cookies » ??? C'est quoi un cookie ? Et pourquoi ils me le demandent tout le temps ? C'est chiant ! Je n'accepte rien si je sais pas à quoi ça sert. Et je ne vais pas perdre mon temps à chercher, ils n'ont qu'à me le dire. Et ce site qui me fait glander ! Comme si je n'avais que ça à faire...Ah voilà, les résultats du match d'hier..Voyons où je suis... (…) Mais...mais ils m'ont oublié ! Ça ne va pas se passer comme ça. Ils sont cons ou quoi ? Ce site est nul, tous les jours il y a quelque chose qui ne va pas (…) Ah, si, je suis là, mais ça aurait pu être mieux présenté, il faut toujours lire deux fois pour trouver ce qu'on cherche, c'est mal foutu. (c'est de plus en plus la faute aux « autres », aux « ils »...)
- Bon, mes comptes maintenant. Oh là là la banque ! Encore plus lent que la Fédération. Et maintenant qu'ils m'ont demandé de changer de mot de passe le mois dernier, il faut je ne sais combien de lettres, des majuscules, des minuscules, des caractères « spéciaux », et je ne sais quoi encore, et en plus on ne peut pas les enregistrer, faut que je les note sur un papier sinon j'oublie. Vraiment l'informatique c'est une perte de temps, il paraît que c'était pour en gagner, je ricane. Et personne ne dit rien ! (Visiblement, il a oublié comment c'était il y a vingt ans, quand on n'avait pas les résultats du bridge le jour même sur Internet mais par courrier, et qu'il fallait attendre la fin du mois pour avoir un relevé de son compte en banque)
- Alors mon compte bancaire...Ben oui, comme toujours ils ne trouvent pas la même chose que moi. C'est désespérant. Je suis toujours obligé de refaire deux fois les calculs de mon côté pour arriver au même résultat. Ils ont sûrement mal recopié un nombre, il y a une différence de 10 centimes. Voyons...les trois chèques...les deux cartes bancaires...Ah merde, c'est moi qui ai pris un 6 pour un 5, désolé. Mais ils pourraient présenter les chiffres en plus gros sur l'écran pour les gens qui ont la vue qui commence à baisser, les jeunes ils s'en foutent des relevés, ils les regardent jamais. Ils pensent à rien les banques, ça m'énerve, on perd le respect des aînés dans notre culture. (Oui, quand on s'énerve on passe rapidement de la faute de frappe à la perte des valeurs de la civilisation occidentale...)
Il referme le couvercle de son portable, en oubliant de l'éteindre. Ce qui ne l'empêchera pas de disserter doctement pendant le repas sur l'importance des petits gestes de chacun pour économiser l'énergie et modifier nos comportements dans tous les domaines...
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Par Jean-Jacques le 25 Avril 2020 à 18:10
L'heure bleue au printemps :
instant fugace.
La nuit s'arrête et le jour pointe
bruits indistincts de l'obscurité,
silence mystérieux
moment hors du temps,
puis éclate le concert des oiseaux
dans l'air céruléen
L'aube est là
Un premier cri, doux, hésitant
un second, plus assuré
puis la sarabande se déploie
rossignols, merles et pinsons,
et tous les autres
accompagnent
L'aurore
Quand l'aube succède à la nuit
les formes dans le noir
peu à peu s'éclairent
naissance des objets
Le ciel d'aurore se décore
de fins nuages orange nimbés de gris
avant de céder la place
A la puissance du jour
Ombre mystérieuse de la nuit
Clarté fallacieuse du jour
Aube
Moment incertain
Instant en suspens
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Par Jean-Jacques le 25 Avril 2020 à 18:07
Debout contre la vitre, je regarde. Dehors le jardin, buissons rabougris, herbe boueuse, branches nues, pluie et vent. Ciel sombre, arbres qui plient, lumière grise.
Hiver.
Front brûlant sur le carreau glacial. Pensées qui noircissent. Mon esprit comme les éléments, révolté, furieux. Avec des accalmies éphémères, fausses détentes, comme la tempête parfois.
Hiver.
Et puis je ferme les yeux. Derrière mes prunelles closes, le souvenir. Le jardin au soleil, odeurs et bourdonnements. La brise tiède qui agite les rideaux de la croisée ouverte, le parfum des roses de la rocaille.
Été
Et toi sur l'herbe alanguie, peau dorée qui sommeille sous mon regard. Qui me guette derrière tes paupières. Je te vois et tu me vois, et tout à l'heure tu te redresseras, tu demanderas et je frotterai ton dos qui frémira sous la caresse. Prétexte. Nous boirons la menthe glacée du thermos, fraîcheur qui fait crisser nos dents. Ton baiser si froid et pourtant si chaud.
Été
Mes yeux se rouvrent. L'hiver est là, le souvenir s'enfuit, tu es partie, et le jardin le sait, et le ciel aussi, et le vent qui souffle ton absence dans mes pensées, et la vitre comme une épée de glace qui me transperce la tête sans apaiser ma fièvre.
L'été de ta présence.
L'hiver de ton absence.
Et la vie sans toi qui recommence.
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Par Jean-Jacques le 9 Avril 2020 à 22:28
Où suis-je ? Qu'est-ce que je fais là ? J'ai froid....je ne me souviens plus...qu'est-ce qui m'est arrivé ? Il fait noir. Mes pieds sont glacés...mais ils sont dans l'eau !...C'est quoi cet endroit ? Comment suis-je arrivé ici ? Oui, ça me revient... C'est la grotte de Crozon, j'y suis allé avec cette fille, je ne me souviens plus de son nom...Ah oui, Léa je crois, je ne la connaissais pas, on est venus ici pour être tranquilles, c'est tout. C'était un bon plan, mais plus rien après le premier baiser, et maintenant je suis dans l'eau. Qu'est-ce qu'elle m'a fait ? Ou qu'est-ce qu'on m'a fait ? Mal à la tête...Faut que je sorte d'ici. Vite. L'eau clapote sur mes jambes. C'est la mer qui monte. Putain, je vais me noyer ! Faut que j'avance. Ah, là c'est la paroi, vais la suivre. Où est la sortie ? Par là ? Non par là, ça descend. Ne vois rien. Doit être la nuit dehors. L'eau aux genoux maintenant. Mais la grotte n'est quand même pas si profonde... Aïe ! Bon sang, ma tête...Comme si elle n'avait pas assez morflé déjà... C'est quand même pas le plafond j'espère...Je saigne. M'en fous... faut trouver la sortie, ça urge. Suivre la paroi jusqu'au dehors. Ça s'incurve, je tourne en rond, non, non, c'est pas possible...Ouf ça va dans l'autre sens maintenant, ça devait être une alvéole dans la paroi. Pas sorti pour autant, ne vois toujours rien. Et si je criais ? Ya quand même des gens dans le coin, c'est l'été...« Ohé Ohé Au secours au secours... »...Tu parles je m'entends à peine...alors dehors...Je vais quand même pas crever comme ça....C'est pas possible... « AU SECOURS »... « AU SECOURS ! » Rien, j'entends rien ! Faut que j'avance plus vite...Ah, je vois une lueur sur la droite, je fonce. Splash !! Teuheu teuheu teuheu...Saloperie de rocher ! Bu la tasse suis trempé complètement, buté avec mon pied, mal de chien au gros orteil salope de Léa c'est elle suis sûr...Teuheu teuheu vais pas m'en sortir ou alors c'est son mec qui l'a suivie vais le choper...ça remonte un peu on dirait vais m'en sortir c'est sûr, c'est vrai on est entrés à marée basse il faisait encore jour et maintenant ya bien six heures de passées on a franchi la marée haute ça doit baisser faut réfléchir et puis me souviens derrière l'entrée ya un creux avec toujours de l'eau putain la trouille j'espère que personne m'a entendu hurler on va se foutre de moi. Ça y est je vois des lumières c'est la sortie c'est bon. La vache qu'est ce que j'ai fouetté ! Calmos maintenant, mais j'ai la rage. Vais rentrer à l'apparte, à cette heure ci personne ne me verra, enfin j'espère sinon c'est la honte. Demain on va s'expliquer avec cette Léa, elle avait pourtant l'air gentille comme ça, et pas farouche, et je me retrouve à cause d'elle avec un œuf de pigeon sur l'occiput, c'est sûrement un jaloux qui nous a suivis. Mais quand même, si c'est pas elle qui m'a estourbi, elle aurait pu revenir, non, même pas, elle s'est carapatée avec le connard. J'ai la colère maintenant, putain on va pas en rester là. C'est sûrement un gringalet, un costaud m'aurait pas pris en traître. Il va douiller. Mes vêtements sont foutus...Dire que je m'étais fait beau pour draguer ! La grotte c'était romantique, j'ai toujours aimé les marées basses et les brumes sur la mer, et les coins tranquilles...Vaut mieux être réaliste, et prudent. La prochaine fois je serai super prudent, et j'irai plus jamais dans une grotte.
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Par Jean-Jacques le 9 Avril 2020 à 22:18
Au passage de l'automne, quand vient l'hiver,
nous livrons aux flammes du souvenir
les jours enfuis
les belles saisons
de notre jeunesse, de nos printemps, de nos amours
Journées si longues, aujourd'hui si courtes
incandescence de nos nuits d'été
transformées en cendres tièdes
qui réchauffent à peine
nos chairs autrefois cramoisies
On se disait le bonheur d'être ici
le chant de l'instant
nous ne faisions que passer
méprisant l'irrésistible nostalgie
des champs noirs de l'hiver à venir
Souvenirs des éclairs de l'enfance
des éclats de jeunesse
des tempêtes insatiables de l'âge mûr
avant que vienne le soir
que vienne la paix
que le dernier rayon du crépuscule
nous laisse dépouillés
comme un arbre en hiver.
Merci à François Cheng
de l'Académie Française
« L'Orient de tout »
Recueil de poésies
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