• Mes débuts à l'école

    Décrivez votre plus beau souvenir d'enfance

    Mes débuts à l'école

    Nos souvenirs les plus anciens sont en général recréés : ils sont le fruit d'un subtil mélange entre des souvenirs réels, et des créations provenant de l'appropriation oubliée, peut-être inconsciente, d'événements issus uniquement des récits de nos parents et de nos proches, ou de la vision ancienne et renouvelée puis oubliée de vieilles photos.

    C'est pourquoi j'ai essayé ci-dessous de décrire ces souvenirs tels qu'ils sont dans ma mémoire, à l'état brut, c'est à dire sous forme de lambeaux, de flashes, d'images, sans essayer d'en faire un récit suivi ni les insérer dans une chronologie précise. Quant à dire lequel est celui qui est « le plus beau » ou celui « que rien ne pourra me faire oublier », je crois que cela ne se pose pas en ces termes : tous ont leur importance, aucun n'est meilleur ou pire qu'un autre, tous font partie de ce qui me reste de mon enfance, qui fut heureuse.

     

    Mon premier jour de classe

    Je me souviens de ma mère me tenant par la main pour me conduire à l'école, ma fierté d'être « devenu grand », et mon impatience émerveillée d'aller apprendre plein de choses. J'ai mon cartable dans l'autre main. Nous remontons l'avenue des peupliers à El Hajeb.

    Morale

    En classe, le matin, la maîtresse commençait toujours par écrire une sentence au tableau, qu'on devait recopier sur notre cahier. Il y avait le mot « Morale » souligné de deux traits, et puis une phrase du genre « L'argent ne fait pas le bonheur », et bien d'autres...

    Géographie

    Il y a une carte du Maroc accrochée au mur. On apprend surtout la géographie marocaine, et un peu la française. Mais chez moi, mon père possède un atlas Quillet, plein de cartes de France, de ses régions et de ses montagnes, et pour moi c'est un pays lointain, mystérieux et inconnu : le vrai pays, c'est le Maroc, le pays où je suis. Je regarde souvent une carte géologique du Massif Central : tout est colorié de différentes teintes à dominante rouge, il n'y a presque pas de noms dessus, c'est vraiment un endroit curieux, j'imagine un décor lunaire plein de pierres rouges et sans aucune végétation. Cela m'attire et me fascine. Et je me demande comment des gens peuvent vivre dans un endroit pareil, alors qu'au Maroc on est si bien avec les moutons, les buissons de goum, les sources, les copains, ma trottinette et surtout papa et maman

    Calcul

    Un problème posé en classe par la maîtresse : il y a quelqu'un qui achète et vend des caramels à 2 francs, il faut qu'on calcule le bénéfice qu'il fait quand il en vend un certain nombre.

    Récréation

    A la récréation, on joue dans la cour à être des coureurs cyclistes, c'est à dire qu'on s'est bricolé des « dossards », morceaux de papier plus ou moins coloriés sur lesquels chacun a inscrit le nom de son coureur préféré, qu'on s'est accrochés tant bien que mal sur la poitrine. Moi je suis Robic, qui a gagné le tour de France l'année précédente, et je me dispute avec d'autres qui veulent être Robic aussi. Sur mon dossard est simplement écrit le nom du coureur, entouré de points jaunes.On court autour de la cour en faisant semblant d'être sur un vélo. Tout le monde se moque de celui qui a pris Bobet pour champion, évidemment, il n'a encore jamais rien gagné...

    Dent de lait

    Un jour, à midi, je rentre de l'école en courant, je suis sur le point de perdre une dent de lait, une des dernières, c'est une incisive d'en haut, elle ne tient plus que par un fil. Je cours la bouche ouverte, avec la main en coupe par dessous, pour récupérer la dent si elle tombe, ce qui ne manque pas de se produire juste au moment où j'arrive devant chez moi. Grande déception, je voulais la montrer à ma mère alors qu'elle pendouillait encore...

    Injustice

    Un souvenir cuisant : il s'agit de ma première expérience vécue de l'injustice. A la récréation, au lieu d'aller jouer, je reste en classe pour faire quelque chose, je ne sais plus quoi. Quand les autres rentrent, une fille pousse un cri : un encrier a été renversé dans son cartable, il y a de l'encre partout ! Bien évidemment, tous les soupçons se portent sur moi, puisque j'étais le seul en classe pendant la récréation. Suivent de longs moments d'interrogatoire par l'institutrice qui me tire les oreilles, une engueulade de mon père qui m'administre une fessée, le tout accompagné d'objurgations pour me faire avouer un « crime » que je n'avais pas commis. Finalement je cède, j'avoue et je m'excuse pour qu'on me laisse tranquille : toutes mes dénégations et protestations d'innocence sont considérées comme de l'hypocrisie et du mensonge.

    Je n'ai quand même pas pu m'empêcher, quelques jours après, de répéter que je n'avais rien fait et que ce n'était pas vrai, ce qui a failli déclencher une nouvelle vague de représailles. Alors, je n'ai plus rien dit.


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