• Promenade dans les Vosges

    Décrivez un paysage simplement "beau" (au sens de Kant)

     

    J'ai quitté le chalet par la porte de derrière, celle qui donne sur le chemin forestier. Tout de suite on est dans les pins, et on se met à monter en serpentant entre les troncs. On se promène, on regarde autour de soi, sans se soucier du temps qui passe ni de ce qu'on aura à faire après. Le sous-bois est sombre, les branches basses sont couvertes d'aiguilles mortes, mais le chemin erre gaiement entre les flaques de soleil qui en ce début de matinée couvrent le sol. De temps en temps, une plaque de verdure s'étale, parsemée de boutons d'or ou encore, mais chichement, de petites fleurs blanches dont je sais qu'elles se transformeront bientôt en succulentes fraises sauvages.
    A quelque distance, on dirait que c'est tout près, un oiseau dont je ne sais pas le nom s'égosille, je ne le vois pas, et bientôt un autre lui répond par quelques notes chantantes. Puis c'est le silence pendant un moment, un silence plein de bruits minuscules qui distinguent de manière évidente le silence de la forêt de celui des prairies. Une mouche qui passe, une abeille qui se pose sur une renoncule, le bruissement des arbres sous une brise infime, un froissement d'ailes dans un pin, une branche qui oscille, voilà ce qui constitue l'identité de la forêt par un beau jour de printemps finissant.
    Et puis, après avoir escaladé les derniers mètres très raides du sentier, on arrive enfin au sommet, c'est à dire sur un rebord où l'on reprend son souffle en regardant ce qui s'offre en contrebas. La forêt s'arrête à quelques mètres, et derrière les derniers arbres s'étale un petit étang qui reflète le bleu du ciel sous les rayons encore inclinés du soleil. Les bords en sont herbeux, et, à la lisière de l'eau et de la terre poussent des joncs. On en fait le tour lentement, tour à tour à l'ombre et au soleil, sur un sentier à peine visible parsemé de brindilles qui craquent sous les chaussures. A un moment, on s'arrête et on s'approche du bord pour tremper ses mains dans l'eau, une eau fraîche qui détend les doigts gonflés.
    On reprend ensuite le sentier, un long sentier tout droit et un peu ennuyeux qui doit nous ramener au logis. On marche plus vite maintenant, car on s'est attardé et l'heure du déjeuner approche, un déjeuner qu'on prendra dans le jardin, à l'ombre du cerisier, après avoir bu à longs traits une orangeade fraîche et revigorante, ou même quelques gorgées d'eau sous le jet de la fontaine dans la cour, de l'eau qui jamais n'aura été meilleure.

     

     


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