• Libération anticipée

    Fresnes, 6 novembre 2019

     

     

                                                                                         Madame la Présidente

                                                                                         Commission d'application des peines

                                                                                         Tribunal de Grande Instance

                                                                                          94000 CRETEIL

     

    Marc Gautier

    Détenu n° 6521

    Prison de Fresnes

     

     

    Madame la Présidente,

     

    Je viens d'être informé par la Direction de la prison de Fresnes que l'examen de ma demande de libération anticipée est à l'ordre du jour de la réunion de la Commission s'application des peines du 10 décembre prochain. Je tiens à vous faire savoir dans quel état d'esprit je vous fais cette demande et comment je vois mon retour dans la société.

    Sans vouloir revenir sur les circonstances pour lesquelles j'ai été condamné il y a près de dix ans, vous savez que j'ai toujours clamé mon innocence quant à l'accusation de meurtre dont j'ai fait l'objet. Les jurés en ont décidé autrement, mais de mon point de vue beaucoup plus sur la base de leur « intime conviction » que sur l'examen objectif des faits. Je n'ai jamais nié avoir fait partie de la bande de cambrioleurs qui sévissait à cette époque, mais je tiens à redire ici avec force, quoi qu'il puisse m'en coûter et à rebours des conseils de mon avocat, que je ne suis en rien coupable du meurtre dont on m'a accusé.

    Vous comprendrez donc que je n'ai aucune raison de manifester un quelconque regret pour un acte que je n'ai pas commis. Néanmoins, je l'ai déjà dit à plusieurs reprises lors du procès et je le répète avec encore plus de vigueur après tout ce temps, je déplore que ma participation à ces cambriolages ait pu contribuer à la malheureuse succession d'événements qui ont conduit au décès de Monsieur XXXX. En ce sens, je reconnais avoir eu une part de responsabilité non négligeable dans ce terrible drame, et j'en demande encore une fois pardon à toute sa famille, vraiment du fond du cœur. Jamais je n'aurais pensé qu'une telle chose puisse se produire au cours de ces expéditions nocturnes qui, pour moi, avaient alors un goût d'aventure plus que celui d'un acte répréhensible et dangereux. Je pouvais invoquer l'inconséquence de la jeunesse, les mauvaises fréquentations, l'injustice de ma condition sociale, et trouver encore d'autres excuses, mais je ne l'ai pas fait, car je me suis rendu compte, certes trop tardivement, que j'étais responsable de mes actes et qu'il me fallait donc en accepter les conséquences. C'est pourquoi, malgré le sentiment d'injustice qui m'a envahi au prononcé du verdict, je n'ai jamais demandé de révision de mon procès, ni fait appel de la décision du tribunal.

    Aujourd'hui, où en suis-je ?

    J'ai accepté d'emblée mon statut de prisonnier devant expier une faute, même si ce n'est pas celle pour laquelle j'ai été condamné. Cela s'est traduit par ma participation active aux tâches liées à la vie de l'établissement et à l'embryon de vie sociale qui s'y trouve.

    Par ailleurs, j'ai mis à profit ces dix années de réclusion pour suivre des cours et arriver à passer mon bac d'informatique par correspondance, et j'ai maintenant un bon niveau en matière de programmation utilisant des outils variés. Je correspond régulièrement avec un groupe extérieur d'échanges sur ces questions, et j'ai même quelques pistes d'embauche possible avec des correspondants qui n'ignorent rien de ma situation. Je peux vous détailler ce point si vous le souhaitez. Je vous indique également que je n'ai gardé aucun contact avec mes anciens comparses, aucune envie de renouer avec eux, et que je n'ai pas de relations avec des personnes à la moralité douteuse.

    Sur le plan personnel, je lis beaucoup, notamment des ouvrages de psychologie liés de près ou de loin à ma situation et au retour à la vie sociale. J'écris aussi souvent à ma famille, qui ne m'a pas abandonné et vient régulièrement me rendre visite. Mes parents m'hébergeront provisoirement après ma sortie, jusqu'à ce que je puisse me débrouiller seul.

    En conséquence, je me sens prêt à quitter dans de bonnes conditions le milieu carcéral pour retourner à une vie ordinaire sans histoire, et je sollicite votre indulgence afin que ma peine puisse être réduite dès que possible.

    Dans l'espoir que la décision de la Commission sera bienveillante à mon égard, je vous prie d'agréer, Madame la Présidente, l'assurance de ma parfaite sincérité.

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :