• La promenade du chien

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    La promenade du chien

    En sortant ce matin le temps est gris et humide il n'y a personne hormis le gros chat roux de ma voisine avançant paresseusement sur le mur qui domine la rue et un peu plus loin ma plus vieille voiture ma brave Peugeot 307 pourpre et balafrée douze ans d'âge déjà de plus en plus rhumatisante qui se morfond frileusement sur une sorte de parking face à la pente dans le cas de plus en plus probable où elle résisterait pour ne pas aller faire les courses tout à l'heure Un peu plus bas le chien d'un autre voisin aboie furieusement à mon passage Ensuite je prends le chemin de terre qui passe devant chez Marcel toujours là à cette heure un brave homme féru de médecines naturelles à la faconde italienne croyant en Dieu comme on y croyait au Moyen-Age (il me dit souvent que celui-ci lui parle personnellement plusieurs fois par semaine quand il se met à douter) qui essaie de me convertir à chaque fois que je m'arrête pour discuter avec lui et qui transforme au fil des années tout seul mais avec l'aide du Seigneur sa maison dotée d'un très vaste terrain en une sorte de château de Versailles fermier avec mur en pierres du pays et porche monumental Je longe son mur derrière lequel s'étend un immense potager – bio, bien sûr – puis son terrain où picorent poules et coq où broutent quelques chèvres et moutons et enfin les cages à lapins Parfois, il me donne une salade ou une demi-douzaine d'œufs car on s'entend bien malgré ma résistance à ses discours théologiques A cet endroit, je lâche mon chien qui se met à courir en aboyant de contentement et qui revient ensuite me tourner autour avant de grimper la pente raide qui mène aux champs immenses plantés de colza de blé d'orge parfois de tournesols mais vides en cette saison Là-haut, il s'en donne à cœur joie sans jamais s'éloigner trop car il sait qu'il se fera réprimander Je marche d'un bon pas dans la boue des ornières creusées par les tracteurs de l'automne parfois sur l'herbe des bas-côtés quand il en reste Il y a du vent sur ce plateau qu'entaille la Vesgre laissée derrière moi un vent froid et violent qui me pousse d'abord puis après le tournant situé à plus de cinq cents mètres qui s'engouffre insidieusement sur le côté de ma parka d'hiver Le chemin débouche sur une portion de route goudronnée où passent peu de voitures si bien que je laisse mon chien avancer sans être attaché car à cet endroit il sait qu'il a interdiction de traverser Je reprends enfin un nouveau sentier herbu qui après quelques mètres se glisse entre une rangée de grands arbres empêtrés dans un taillis de broussailles où le chien adore aller flairer je ne sais quoi et la haie de thuyas taillés au carré qui enserre une maison.

    Au bout de ce chemin, la promenade est finie en bas de la côte nous retrouvons ma vieille voiture toujours tremblante au bord du trottoir sur lequel j'essuie mes pieds crottés Nous avons fait près de deux kilomètres enfin le chien en a bien fait le double ou le triple et cela a duré trois-quarts d'heure en comptant les quelques minutes passées à échanger avec Marcel les banalités de rigueur sur le temps qu'il fait.


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