• Fragments de vie

    Au restaurant

    Lundi à Mantes la Jolie, je déjeune dans un des rares restaurants ouverts. A la table voisine s'installent trois personnes, deux hommes et une femme. La femme précède les deux hommes, qui suivent à quelques mètres. Le plus âgé avoisine la cinquantaine, cheveux gris coupés courts et lunettes cerclées, chemise blanche ouverte ; l'autre a moins de trente ans, pantalon sombre et pull ras du cou. La femme est jeune, assez jolie, l'air décidé, mais avec un menton qui s'empâte et la voix criarde. Je la regarde surtout pour sa chevelure blond vénitien ondulant jusqu'à la taille. Je n'entends que des bribes de leur conversation - « Pirates », « capteurs », « beau temps » - lorsque le cinquantenaire se penche vers la femme pour lui montrer des photos sur son téléphone ; un peu plus tard l'un d'eux parle des « 39 heures », c'est tout ce que j'enregistre. Ils rient souvent. Je suppose qu'ils travaillent ensemble et qu'ils se racontent leurs vacances et parlent de leur travail.

    A un moment, je vois la femme qui prend la bouteille d'eau et sert tout le monde. Elle a une jolie main, avec des ongles rouges. Ensuite, ils trinquent. Aurait-elle servi le vin, s'il y en avait eu ?

    A la bijouterie

    C'est bientôt Noël et les gens se pressent dans les magasins. Dans la bijouterie où ma femme cherche un bracelet pour sa fille, je reste à l'écart et je regarde ce que font les chalands. Une grosse femme est collée à la vitrine des bagues, elle a son téléphone en mains et photographie certains bijoux. Puis elle doit les transmettre à quelqu'un, car elle se met à parler, puis se remet à photographier. Un télé-achat par délégation avec contrôle en temps réel ?

    A côté, une vieille dame semble incertaine sur ce qu'elle veut ou doit faire. Une vendeuse s'approche, la dame lui demande « quelque chose pour sa petite fille qui a cinq ans ». Mais rien ne semble lui plaire, ou alors c'est trop cher, et au bout d'un moment elle s'en va en s'excusant.

    Entre un très jeune couple, moins de vingt ans, la fille en jean moulant, baskets et pull léger sous une veste de cuir, cheveux tombant sur ses épaules. Elle tient à la main un sac « Sephora ». Le garçon, mince, pantalon noir, pull à col roulé, cheveux courts, lui parle à l'oreille et semble vouloir la convaincre, peut-être de se laisser offrir un bijou, peut-être de choisir ensemble un cadeau pour quelqu'un d'autre. Je me dis que tout n'est pas perdu, chez les jeunes il y a encore des filles qui aiment se parfumer sans avoir peur de ressembler à une bourgeoise et qui achètent autre chose que des bijoux « artisanaux ».

    Sur le trottoir

    Une vieille dame bossue, pliée en deux, promène à tout petits pas son chien sur le trottoir.

    Le chien avance doucement, la tête basse, l’air abattu, et s’arrête de temps en temps pour l’attendre. Ils se ressemblent de manière frappante.

     


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