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Et si j'écrivais...
Dites ce que vous apporte ou pas l'atelier d'écriture, et comment vous souhaitez le faire évoluer
Comme je l'expliquais lors de la première séance de « Liberté d'écrire » en 2012, ce qui me poussait à venir participer à un atelier d'écriture était simplement l'envie d'écrire, qui m'a toujours animé, sans jamais avoir été vraiment satisfaite. En effet, cette envie se heurtait à deux obstacles rédhibitoires, toujours pas surmontés d'ailleurs.
Le premier se trouve être la paresse, ou le manque de persévérance, pour me mettre devant une feuille blanche et commencer à écrire, avec un sujet, un plan, une méthode, la volonté de sortir un texte travaillé, bref avec un véritable projet solide nécessitant inspiration, réflexion et travail. Venir à Dreux à jours fixes avec l'obligation d'avoir rédigé un texte aussi bon que possible était un aiguillon pour me « forcer à m'y mettre ».
Le second est la difficulté de choisir un sujet, de raconter une histoire inventée : je n'ai pas beaucoup d'inspiration propre et le fait d'avoir une « commande », un thème, même vague, à développer, constitue la graine à partir de laquelle j'arrive au contraire à imaginer une histoire assez facilement.
L'atelier d'écriture constitue donc un moyen efficace de contourner ces deux obstacles pour arriver enfin à produire quelque chose qui, je l'espère, arrive à tenir la route. Ce que l'atelier n'arrive pas à faire, néanmoins, en raison de ses contraintes propres, c'est la production d'un texte complet qui soit autre chose qu'une simple page écrite parfois en quelques minutes la veille de la réunion. Arriver à écrire une histoire, sous la forme d'une nouvelle, d'un récit, voire d'un roman, voilà ce qui manque encore, même si on a déjà essayé de le faire à deux ou trois reprises. Mais il est évident que cela ne peut se faire qu'en dehors de l'atelier, par un travail personnel assidu s'appuyant éventuellement sur les fragments produits dans l'atelier et sur les éléments méthodologiques fournis au cours de certaines séances.
Concernant ma manière d'écrire, il y a peu de choses à dire, car j'ai le sentiment qu'il y eu peu de changements dans mon style. Elle se rapprocherait de l'idéal de Flaubert (à moins que ce ne soit Stendhal ?), qui voulait pouvoir tout exprimer en écrivant comme le code civil : j'essaie de faire des phrases claires et compréhensibles, sans m'embarrasser de tournures recherchées, de métaphores originales ou pas, de figures de style artificielles. A chaque fois que j'ai essayé, je me suis fourvoyé. C'est aussi pour cela que la poésie, qui fait appel aux subtilités et aux sonorités de la langue, m'attire peu. La seule chose qui ait un peu changé, il me semble, c'est ma vigilance accrue pour faire des phrases courtes plutôt que des périodes à la Proust, faire la chasse aux clichés et aux répétitions, bannir conjonctions et adverbes inutiles. Les remarques faites par certains dans l'atelier ont été déterminantes pour cette évolution.
Au-delà, l'acquisition d'un style propre passe par des exercices obligés, qui peuvent être ennuyeux, mais qui sont nécessaires pour bien raconter une histoire : savoir faire le portrait d'un personnage et décrire un paysage sans que cela devienne un pensum pour le lecteur, glisser les éléments biographiques nécessaires au bon moment sans que cela ressemble à un curriculum vitae, organiser des dialogues réalistes qui ne soient pas des déclamations ou des échanges poussifs, ne pas se lancer dans des explications sans fin que le lecteur va finir par sauter, éliminer les détails inutiles, savoir amener une chute quand c'est le cas. Cela peut passer par la lecture de textes exemplaires, qu'on nous demanderait, dans un premier temps, d'imiter.
Quant au fond, au travers d'une histoire, il faut avoir envie de dire quelque chose. Cela ne se décrète pas, mais il faut avoir dès le départ une idée de ce qu'on veut raconter et pourquoi on raconte ça et pas autre chose. Cela peut être ténu, impalpable même, mais c'est au travers du cheminement d'une narration qui « accroche » que le récit prendra corps pour aboutir à un texte réussi. Mais je crains que cela ne s'enseigne pas, c'est à nous de chercher et de trouver, si possible.
En dehors des histoires inventées à raconter, qui m'apparaissent souvent anecdotiques, et pour tout dire, assez inutiles, surtout si elles sont mal exposées, j'ai parfois envie de raconter mon histoire personnelle. Je l'ai fait plusieurs fois au cours des cinq années d'atelier, mais toujours par bribes, dans des textes courts ou partiels, sans lien entre eux. Si je voulais me lancer sérieusement dans l'écriture d'une autobiographie, comme plusieurs d'entre nous le font ou ont pour objectif de le faire, ce serait certainement autrement qu'en accolant bout à bout des fragments, des événements isolés : il faudrait une continuité, une manière de faire, un choix raisonné, ce qui n'est pas très évident si on veut faire autre chose que le récit chronologique de ce qui a été marquant dans une vie. Choisir, c'est éliminer, dit-on. Mais cela peut être aussi ajouter, pour aboutir à une biographie romancée, à l'image du chef d'oeuvre de Romain Gary « La promesse de l'aube », mais c'est sans doute viser un peu trop haut...
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