• En Forêt-Noire

    Choisir une vieille photo de famille avec plusieurs personnages, et écrire un commentaire sur chacun d'eux.

    (ne pas inventer...)

    En rangeant mes tiroirs l'autre jour, je suis tombé sur une vieille photo prise pendant l'été 1952. Nous habitions alors depuis six mois, mon père, ma mère et moi, à Gernsbach in Murgtal en Forêt Noire, tout près de Baden-Baden, et nous y sommes restés jusqu'en 1954.

     
    Cet été là, nous avons reçu la visite de ma tante Bella, la sœur de ma mère, avec son mari et leur fille unique Francine, ma cousine germaine. Venant de Sarrebourg, ils n'avaient pas eu beaucoup de chemin à faire pour arriver jusque chez nous. Nous nous sommes beaucoup promenés pendant quelques jours sur les sentiers de la forêt, et la photo que nous voyons a été prise par ma tante, une parmi beaucoup d'autres, près du monument aux morts de la ville, sur les hauteurs.


    On y voit à droite mon père, Marie-Joseph de son prénom, 58 ans, toujours très sérieux devant l'objectif, surtout lorsque son appareil est manipulé par quelqu'un d'autre. C'était un homme de belle stature, très fier, se tenant toujours très droit, le menton légèrement relevé, comme on le lui avait sans doute appris à l'armée avant que cela ne devienne partie intégrante de sa personnalité. Dehors, il portait toujours une cravate, ne la desserrant que dans la maison, et ne l'enlevant que pour travailler au jardin. Il ne tergiversait pas avec mes résultats scolaires, mais fondamentalement, il avait l'esprit taquin. Je ne l'ai pas beaucoup connu, car il est mort alors que je n'avais que 17 ans, avant qu'on puisse avoir de vraies conversations. La guerre de 14-18, en tant qu'alsacien, il l'a faite du côté allemand, dans les Balkans, mais il n'en a jamais parlé ouvertement avec nous. Il n'a appris le français qu'à 24 ans, comme ma mère.


    Au milieu, ma mère Augustine, 50 ans. La meilleure femme qui soit, pleine d'une vraie tendresse malgré son accent rugueux et un abord peu souriant. Toujours attentive aux autres, elle a passé sa vie à s'oublier elle-même. Au travail du matin au soir, elle a eu une vie difficile, rejetée par une partie de sa famille parce que fille-mère, mais sans jamais baisser les bras. Très croyante, et même sacristaine sur ses vieux jours, elle m'obligeait à aller honorer le Seigneur tous les dimanches, mais de telle manière que je n'ai jamais pu le lui refuser : cela lui aurait fait trop de peine.


    A gauche, Emile, mon oncle par alliance. Un brave homme jovial, parlant surtout le dialecte alsacien. Il était cheminot, du temps où les trains marchaient à la vapeur. Je n'ai jamais échangé avec lui que des plaisanteries répétitives, qu'il m'assénait avec de grandes claques dans le dos. Je crois qu'il n'était pas très intelligent.


    Au premier plan, ma cousine Francine, huit ans, pas très causante ni très délurée à cette époque, mais elle s'est rattrapée depuis...Je ne la voyais pas souvent, et lors de ce passage à Gernsbach je me souviens que nous jouions ensemble, mais je ne saurais plus dire à quoi. Par contre, nous partagions la même chambre, et je lui jetais déjà des regards en coulisse quand elle se déshabillait le soir pour passer sa chemise de nuit...


    Et puis, après 800 millions de chinois, il y a moi et moi et moi, comme le chante Dutronc...Moi en culotte courte et complet du dimanche pour enfant de dix ans bien élevé. Moi toujours en train de rire et de taquiner tout le monde, à l'image de mon père. Moi en louveteau une fois par semaine, mais j'y semais la zizanie en permanence. Moi qui aimais aller cueillir des myrtilles dans la forêt avec ma mère. Moi avec les cheveux rejetés en arrière, comme mon père. Et moi presque au garde-à vous déjà, comme l'enfant de troupe que j'allais devenir quelques mois plus tard...


  • Commentaires

    1
    Jeudi 20 Mars 2014 à 17:52

    Bonsoir
    C'est avec plaisir que je découvre ton blog qui ne manque pas d'intérêt, je reviendrai, c'est sûr !
    Je te souhaite une bonne soirée
    Kim

    2
    Vendredi 21 Mars 2014 à 09:35

    Merci. Je vais aller faire un tour chez toi également, histoire d'y prendre le petit déjeuner...

    3
    Jeudi 24 Avril 2014 à 09:24

     


    Bonjour
    Mon association « J’attends donc je lis »  propose de publier des textes courts 5 fois par an. (Gratuitement, bien sûr !)
    Vous pouvez tenter votre chance à notre petit concours en proposant vos propres textes à cette adresse:


     



    http://jattendsdoncjelis.unblog.fr/


     



    Cordialement


     


    Sabine, la présidente


     

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