• Coucher de soleil

    Juillet 1963. Nous sommes sur le passavant tribord de l'aviso-escorteur Victor Schoelcher, en mer d'Irlande. La journée a été chaude et bien remplie, et après le repas du soir nous avons déplié et accroché nos hamacs au-dessus des tables du poste. Puis nous sommes montés prendre l'air, du moins ceux qui n'étaient pas de quart.

    Accoudés à la rambarde, nous laissions l'air glisser sur nos visages, et nous échangions de rares propos, regardant le soleil se rapprocher de l'horizon. La brise était douce, l'étrave fendait une mer calme qui noircissait peu à peu entre deux gerbes d'écume, et les seuls bruits qu'on entendait étaient le frottement de l'eau le long de la coque, et la rumeur de fond provenant des vibrations des machines.

    Les blancs stratus qui dissimulaient quelque peu le bleu du ciel au cours de l'après-midi, commençaient à s'effilocher insensiblement et à virer au rouge. Je me trouvais près des bossoirs, devant les canots de sauvetage, et je voyais le soleil descendre peu à peu entre les palans et les crocs d'amarrage des embarcations. Quand il fut près de toucher l'eau, je me permis de le regarder en face, jusqu'à ce qu'il disparaisse, laissant un ciel en feu. Le phénomène ne dura que quelques secondes, mais la lueur dans le ciel perdura encore plusieurs minutes, les couleurs cédant la place à la grisaille envahissante du crépuscule.

    Quand il fit vraiment noir, je quittai le pont pour regagner le poste d'équipage. Mes compagnons étaient partis depuis longtemps, et dormaient dans leur hamac. Je me glissai dans le mien, titubant un peu en raison du roulis. A quatre heures, on vint me réveiller : c'était mon tour d'aller prendre le quart.

    Coucher de soleil

     


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