• Les proverbes :

    • Choses défendues, choses désirées

    • Il n'y a que le premier pas qui coûte

    • Là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir

    sont devenus :

    • Il n'y a pas de plaisir dans les choses défendues

    • Les choses désirées coûtent toujours

    • Il y a de la gêne à faire le premier pas

     

    Marc, 18 ans depuis deux jours, venait de s'engueuler avec son père.

    - Ce n'est pas parce que tu es soi-disant majeur que les choses vont changer, lui avait-il dit. Tu dois passer ton bac avant d'aller faire la fête, c'est tout. Le bac, ça s'arrose si tu l'as, la majorité tout le monde y arrive même sans le vouloir, il n'y a pas de raison de fêter ça. Ton examen est dans une semaine, tu t'éclateras après si tu veux.

    Ce genre de remarque avait le don d'exaspérer le jeune homme. Il n'avait aucune envie de « sortir faire la fête » ni de rater son bac, mais personne n'avait à lui dire comment il devait se comporter. Par simple bravade, il prit son blouson, claqua la porte derrière lui, et se retrouva sur le trottoir comme un imbécile, ne sachant où aller. Il n'y a pas de plaisir dans les choses défendues, se dit-il, si on les fait juste parce qu'elles sont défendues, juste pour braver le détenteur du pouvoir paternel.

    Il marcha ainsi sans but pendant quelque temps, se dirigeant vers le centre ville, projetant de rentrer au bout d'un laps de temps suffisant pour ne pas avoir l'air ridicule. Arpentant les petites rues, il passa ainsi devant le « Club 69 », établissement à la devanture noire, entièrement fermée, où se devinait une porte anonyme, signalée uniquement par des néons stylisant une forme féminine prétendument aguichante. Il s'arrêta pile, une soudaine bouffée hormonale lui traversant l'esprit et la moelle épinière. Bon sang, mais maintenant tu as le droit d'y entrer ! lui rappelèrent ses neurones échauffés...Il alla jusqu'au bout de la rue, revint sur ses pas sur le trottoir opposé, ralentit en passant devant le club, puis fit encore demi-tour. Il hésitait, ou plutôt il n'osait pas, car en cette matière, il y a de la gêne à faire le premier pas.

    Mais après tout, il pouvait bien commencer tout de suite sa vie d'adulte, il n'y aurait aucune conséquence sur son examen, alors que s'il ne faisait rien, la pensée de ce qu'il y pouvait y avoir à l'intérieur lui tarauderait l'esprit pendant des heures et l'empêcherait de se concentrer sur ses révisions. D'un air décidé, il s'approcha alors de la porte et allait l'ouvrir, lorsque, dans un éclair il se rappela qu'il était parti sans son portefeuille, où d'ailleurs il n'y avait pas un sou. Les choses désirées coûtent toujours cher, se dit-il avec rancœur. Son excitation retomba d'un coup, faisant naître à la place un début de frustration et de mauvaise humeur.

    Il vira de bord, rentra chez lui à bride abattue, monta dans sa chambre et se mit au lit avec « L'histoire d'O ». Il fallait qu'il fasse des économies.

     


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